Assemblée générale 2015 Contribution

Pistes de réflexion dans le cadre du débat de l’AG de SOS Massif des Vosges – samedi 14 février 2015

A l’issue de la projection du film consacré à la route des Crêtes, lors de la rencontre débat organisée par le club vosgien de la vallée de ST Amarin à laquelle nous étions conviés, le 6 février dernier, je voudrais vous faire part de quelques observations. Ce film, intitulé  « Routes des crêtes, modes de déplacement dans le massif des Vosges »remarquable par la pertinence de l’enquête menée par les deux réalisateurs, nous permet de remettre en perspective les actions menées jusqu’à ce jour par notre association.

Trois aspects me semblent importants :

1- L’impact de ces actions

Nous avons parfois pensé que les actions menées n’étaient pas toujours à la hauteur de nos attentes, de notre engagement, du travail effectué. Or, je crois aujourd’hui que nous avions tort de le penser et que, si les mobilisations en terme de participants auraient pu être plus larges, l’impact de ces manifestations a été réel et tend à s’amplifier. Prenons l’exemple de la manifestation autour de la revendication des 40 KM/h sur la route des crêtes en mai 2014, on y fait d’ailleurs beaucoup référence dans le film ; elle a, j’en suis à présent tout à fait convaincue , marqué les esprits (des pour et des contre), puisq u’elle continue neuf mois plus tard à nourrir les débats. Nos formes d’actions ont servi d’électrochocs contribuant à réveiller les consciences, et disons-le, dans un délai en fin de compte assez court, l’association ayant à peine deux ans d’existence. Action après action, à notre manière et en prenant à chaque fois l’initiative, nous avons enfoncé le clou. Le pump track au Pied du Honeck, les éoliennes du Col du Col du Bonhomme, l’opération 40 Km/h sur la route des Crêtes, les nombreuses interventions dans les medias ont fait connaître notre combat. SOS Massif des Vosges est aujourd’hui reconnu comme un interlocuteur avec lequel compter. Tout récemment, l’annulation de la course Enduro motos, programmée pour le 21 mars dans les forêts autour de Remiremont ( 250 km, 250 participants) et annulée par le Préfet des Vosges, a suscité une véritable levée de boucliers de la part des associations lorraines de défense de l’environnement. La pétition mise en ligne par SOS Massif des Vosges a recueilli en 4 jours plus de 1800 signatures contre ce projet d’enduro. Je vois là un signe du bien fondé de nos actions démontrant que nous sommes sur la bonne voie et que le message passe de mieux en mieux.

2 – Les fermes auberges

Le discours de leurs propriétaires n’a pas varié d’un iota. Campés sur leurs positions, les certitudes qui sont les leurs les ont conduits à croire qu’ils sont chez eux sur les crêtes. A les écouter, ce territoire leur appartiendrait quasiment de droit divin ou en vertu d’un droit du sol puisque leurs familles ont occupé ces lieux depuis plusieurs générations. Tout en maintenant le dialogue, nous aurions tout intérêt à présent à les contrer partout en avançant des arguments solides et imparables. Certains de ces aubergistes font preuve d’une grande arrogance et d’un humour plutôt lourd à notre encontre. Il est donc temps de leur rappeler fermement qu’ils ne sont pas les seigneurs des hautes chaumes et que leurs pratiques sont loin de respecter l’environnement comme ils se plaisent à le clamer.

Alors n’hésitons plus à dénoncer le labourage des chaumes (certes aujourd’hui stoppé) ayant entraîné la disparition définitive d’espèces rares et protégées. Pointons le fait que le label ferme-auberge a été retiré à presque toutes les auberges de la route des crêtes, ce qui en dit long sur la qualité des productions ! Bonjour l’arnaque aux touristes et aux clients en général que ces mêmes aubergistes prétendent respecter. Quant au chantage à l’emploi, les 280 postes saisonniers donc précaires qu’ils revendiquent et brandissent à tout bout de champ en cas de fermeture occasionnelle de la route des crêtes, ou si on ramenait la vitesse à 40 km/h, ne repose sur aucun argument sérieux. Quand on leur démontre preuves à l’appui que ces restrictions n’empêcheront aucunement la clientèle de fréquenter leurs établissements, bien au contraire, comme on le constate dans d’autres lieux touristiques prestigieux, la réponse est une fin de non recevoir têtue et butée. Nous nous heurtons à une logique qui place le profit immédiat au dessus de tout.

3- Les conducteurs d’engins motorisés à deux roues

Là encore les tentatives de dialogues se sont révélées infructueuses. Les séquences présentées dans le film cité plus haut montrent très clairement, voire crûment que les motards fréquentant la route des crêtes par beau temps les week-ends, jours fériés et pendant les vacances, dans leur grande majorité sont des dangers publics et pour certains des meurtriers en puissance (un motard s’est lui même filmé à 254 km/h sur la route des crêtes). Il ne s’agit pas en réalité de quelques brebis galeuses comme les représentants des fédérations voudraient nous le faire croire. Pollutions sonores, conduites à risques permanentes sont la norme sur la route des crêtes. A ce jour, il y a un consensus général de la part des usagers des crêtes pour dénoncer haut et fort cet état de fait inadmissible, dans lequel la sécurité de tous n’est plus assurée. Nous avons d’ailleurs constaté que les images vues l’autre soir ont provoqué un sursaut dans le public, sursaut d’indignation et de colère face à des comportements irresponsables et dangereux. Là encore, SOS Massif des Vosges doit interpeller avec force et par tous les moyens à disposition les pouvoirs publics lâchement muets sur le sujet. Certains citoyens semblent se placer au-dessus des lois, ceci n’est plus acceptable d’autant que le nombre de motards les accidents et les infractions commises ne cessent d’augmenter d’année en année. Les pouvoirs publics doivent être mis devant leurs responsabilités. La balle est dans notre camp, aujourd’hui nous bénéficierions d’un large soutien dans l’opinion. Mettons un terme à l’intolérable car ces pratiques sont devenues intolérables.

En conclusion, puisque la Route des crêtes est unanimement reconnue comme une route historique, touristique, à nulle autre pareille en Europe, réservons- lui tous les égards et attentions et traitons- la de manière privilégiée. SOS Massif des Vosges et nous tous ici oeuvrons dans ce sens et bien que notre association soit jeune ou grâce à sa jeunesse, nous avons marqué des points et des retours positifs sur plusieurs dossiers nous donnent raison en nous confortant dans notre action. Nous continuerons droits dans nos bottes à nous opposer à ce que les Crêtes deviennent un champ de foire, nous réclamerons l’arrêt de l’intrusion du trafic motorisé hors des voies goudronnées, nous dirons halte aux activités de loisir strictement artificielles crées uniquement dans un but lucratif, et peu gratifiantes dans le contexte des superbes paysages des Hautes-Vosges.


Nos détracteurs nous reprochent à SOS Massif des Vosges d’être contre tout, ce qui est inexact, mais eux-mêmes sont contre la limitation de vitesse et la fermeture (même ponctuelle) de la Route des crêtes, contre le lynx, le tétras, le loup…etc. Enfin, permettez-moi de reprendre à notre compte ces lignes extraites du très bel ouvrage Vosges sauvages, pour un parc national, édité par Alsace Nature et paru en 1994 :

Ce livre est combat

Rejet de l’insouciance et des faux compromis

Entre les grilles sans cesse dressées par les « impératifs économiques »

La nature s’étiole

Jour après jour.

Il reste encore, tout près du ciel, des joyaux : les Vosges sauvages

Protégeons-les ! Vraiment. Sans plus attendre”.

SOS Massif des Vosges est combat !

Merci

Annie Aucante

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