Massif des Vosges : Bruits, nuisances, insécurité, la révolte gronde…

L’actualité récente a remis en lumière un problème déjà ancien, mais dont les manifestations se sont trouvées décuplées à la faveur du dé-confinement : le bruit et l’insécurité générés par un nombre élevé de motos sur les routes des vallées et des crêtes du Massif Vosgien.

Les week-end qui ont suivi le déconfinement, ont connu ce que beaucoup de personnes ont perçu comme un déchaînement de vacarme et de bruit constituant une atteinte insupportable à la qualité de vie que l’on est en droit d’espérer dans un espace naturel. Les témoignages venant de toutes les parties du massif, crêtes et vallées, du nord au sud sont nombreux et unanimes, ils peuvent se résumer en quelques mots : cela ne peut plus durer !

Le moment est donc venu de réagir et d’agir contre le bruit et la vitesse dans le massif. Soyons clairs, nous n’engageons pas une guerre contre les motards, qui ont comme n’importe quels autres usagers de la route, le droit d’y circuler.  Mais à ce droit sont associés des devoirs. Le premier d’entre eux est, pour les motards comme pour les autres usagers, de respecter le code de la route et notamment de rester maître à tout moment de leur véhicule en adaptant leur comportement au contexte et aux circonstances.

De plus, au delà des lois et règlements, il est une règle essentielle qui conditionne la vie en commun dans toute civilisation : le respect de son prochain.

Il est par conséquent parfaitement inacceptable, qu’au nom d’un petit plaisir égoïste, quelques individus colonisent, par le bruit et l’insécurité, des espaces naturels, lieux de calme et de sérénité, en excluant de fait tous les autres.

En ce qui concerne les motos, il est de notoriété publique que la vitesse et les émissions sonores constituent les deux principales sources de nuisances qu’il est urgent de supprimer.

Des études récentes désignent précisément le bruit comme une des origines du stress chez les humains, les animaux ainsi que les végétaux.

Personne ne conteste que la fréquentation du Massif des Vosges par les motos connaît une progression ininterrompue depuis de nombreuses années, jusqu’à devenir aujourd’hui une nuisance génératrice de mal-être et d’insécurité pour les riverains, les usagers de la nature et les autres utilisateurs de la route, automobilistes et cyclistes.

Plusieurs raisons concourent à cette explosion de la fréquentation, dont principalement la géographie des lieux, la situation en Allemagne et l’organisation de manifestations motocyclistes:

– La géographie et le relief des Vosges avec ses routes de montagne sinueuses et ses paysages remarquables , la proximité de grandes agglomérations, font du massif un espace accessible privilégié pour la moto.

– La mise en place de mesures contraignantes pour les motos en Forêt Noire, chez nos voisins allemands, qui crée un afflux supplémentaire de motos. Il est toutefois intéressant de noter que les week-end post confinement dont il est ici question, furent en raison du maintien de la fermeture des frontières, entièrement franco-français.

– Enfin, depuis quelques années, la multiplication des manifestations autour de la moto et des loisirs motorisés se déploient sur le massif, favorisées et suscitées par certains élus aux visions à court terme qui pensent ainsi développer le tourisme et le commerce local !

Toutes ces causes sont confortées par une absence inexplicable de contrôles, qu’il s’agisse de la vitesse ou du bruit, et cela malgré les multiples interpellations des associations et des riverains. Les autorités ne peuvent pourtant ignorer le haut niveau de nuisance de ces engins, le plus souvent équipés d’échappements hors normes. Elles ne peuvent pas plus ignorer les sites et les périodes où se déroulent ces exploits qui transforment les routes en circuit de vitesse, souvent dans la journée pendant les week-end et quelquefois la nuit.

Des particuliers ont saisi à plusieurs reprises la justice et le Procureur de la République sur la base de dossiers solides et argumentés : aucune suite n’a jamais été donnée !

Les associations de protection de la nature ainsi que de randonneurs soulèvent périodiquement ce scandale, en interpellant élus, autorités et institutions. Tous reconnaissent, de plus ou moins bonne foi, la réalité du problème, quelques-uns avançant une ou deux mesurettes au sujet desquelles ils s’empressent de communiquer outrageusement, puis on passe rapidement à autre chose et le problème s’amplifie.

La conséquence, nous la subissons aujourd’hui plus que jamais. Les Vosges sont perçues comme le paradis des motards, un des derniers terrains de jeux où tout est fait pour les attirer, et où ils savent qu’ils peuvent impunément enfreindre les règles les plus élémentaires du code de la route et de la vie en commun.

L’accidentologie des motos suit mécaniquement la courbe de la fréquentation. Elle est ainsi en augmentation régulière. Le retour des beaux jours s’accompagne de la longue litanie des accidents et des morts dans la presse locale et régionale. Contrairement au affirmations infondées des associations de motards qui à chaque accident impliquant une moto, s’emprssent de désigner la voiture comme responsable de celui-ci, les dernières statistiques officielles du mois de mai dans le département des Vosges indiquent que sur 9 accidents impliquant un deux roues motorisé, dans 7 d’entre eux le motard était seul en cause, ce qui pour autant ne dit rien de la responsabilité des protagonistes dans la survenue des deux autres !

Nous notons avec perplexité l’argumentaire tendancieux de certaines associations de motards qui, il n’est pas inutile de le rappeler, ont principalement pour objet la défense d’un loisir et veulent en ignorer les conséquences sur l’environnement humain, social et naturel. Les ” incivilités ” seraient selon elles “le fait d’une petite minorité”. Ces mêmes associations seraient “conscientes des problèmes et feraient campagne pour informer et sensibiliser leurs adhérents au respect des lois et règlements, tout en invitant à la prise de mesures adéquates pour réduire les nuisances”.

Tout ceci n’est que faux semblant, l’observation de la route des crêtes un week-end de printemps confirme que la petite minorité aux pratiques dangereuses et bruyantes a largement dépassé la majorité. Ces associations se sont par ailleurs élevées avec véhémence contre la limitation de vitesse à 70 km/h sur la route des Crêtes proposée puis mise en place par le département du Haut-Rhin, avant que celui des Vosges, toujours prompt à la détente, ne lui emboîte le pas, trois années plus tard !. Les représentations alsaciennes et vosgiennes des motards ont mobilisé tous leurs relais pour faire pression sur les élus départementaux et les dissuader de prendre cette décision.

Les récentes déclarations plutôt encourageantes de la FFMC, et particulièrement un article du 10 juin publié sur leur site internet intitulé « le bruit, ennemi de l’intérieur ? », développant des analyses et faits identiques à ceux que nous présentons , nous laissent cependant perplexes au regard de la différence entre les déclarations et les comportements des représentants locaux et de nombreux pratiquants membres ou non de cette association. Les commentaires injurieux, insultant et quelquefois menaçant de motards suite à la publication sur Internet de la vidéo intitulée « il y a un problème au Ballon d’Alsace » suffisent à justifier cette méfiance. Cette vidéo visionnée des dizaines de milliers de fois a rencontré une large approbation des internautes qui y retrouvent leur triste expérience dans le Massif : là encore, les commentaires sont édifiants.

Sait-on qu’une seule moto peut, dans une vallée de montagne, déranger gravement la quiétude et le repos de milliers de personnes pendant plusieurs minutes, notamment si elle gravit un col ou une montée ?

Décélérations et accélérations incessantes de plusieurs centaines d’engins aux pots d’échappement bruyants souvent modifiés traversant les villages, gravissant les cols tout au long des week-end constituent des nuisances plus qu’insupportables!

Des milliers d’engins qui se retrouvent régulièrement lors de rassemblements ou manifestations sportives et commerciales organisées tous les week-end de mai à septembre dans les Vosges!

Dans nombre de village alsaciens et vosgiens les week-end ensoleillés du printemps et de l’été sont attendus avec appréhension : profiter de son jardin, de sa terrasse pour déjeuner en famille fait aujourd’hui partie des souvenirs. Des propriétaires vendent ou envisagent de vendre pour échapper à ce vacarme, les prix de l’immobilier sont impactés à la baisse.

Dans l’esprit d’un nombre croissant de potentiels visiteurs, français ou étrangers, le massif des Vosges est en train de devenir une sorte de Far-West livré aux motards, qu’il faut donc absolument éviter les jours de beau temps (notamment les week-ends) : un comble pour un massif qui fait du tourisme familial un axe majeur de son développement !

Laissera-t-on encore cette situation perdurer et se développer ?

De nombreuses institutions dont le Parc Régional des Ballons des Vosges – qui a lancé à grands frais son opération “quiétude attitude” oubliant volontairement d’inclure la problématique des motos – ont prouvé à maintes reprises qu’elles étaient incapables de régler ce problème préférant le minimiser, voire le nier! Reconnaissons toutefois au Parc d’avoir avancé avec précaution que « la route des Crêtes faisait désordre »

« Un problème sans solution est un problème mal posé » disait Albert Einstein!

Cette fois nous ne pouvons plus nous contenter de faux semblants et de mesures d’affichage. Seuls des signes et des actes forts pourront enrayer et réduire durablement les nuisances engendrées.

L’organisation d’une manifestation commerciale supplémentaire comme un slow-up sur la route des crêtes (déjà évoqué et sans doute mis en projet par le département du Haut-Rhin) n’apportera pas même le début d’une réponse et ne fera, bien au contraire, qu’aggraver encore l’artificialisation du Massif et sa transformation progressive en parc d’attractions artificielles.

De véritables mesure structurelles et de fond doivent être prises comme :

La limitation de la vitesse à 40 Km/h (vitesse paysagère), sur la route des crêtes et les parties sommitales du Massif

– La réduction à 60 Km/h sur l’ensemble des autres routes du Massif.

– La fermeture aux véhicules à moteur de tronçons significatifs de la route des crêtes, entre le col de la Schlucht et le col du Calvaire par exemple, partie de la route qui traverse de part en part la réserve nationale du Gazon du Faing et qui affecte fortement ses objectifs de protection de la faune et de la flore.

– La fermeture de la route d’accès au Hohneck qui transforme ce sommet emblématique des Vosges en parking embouteillé et inutile.

– La mise en place de contrôles sérieux et ciblés, tant de la vitesse que du bruit (il existe aujourd’hui des radars de bruit qui peuvent être déployés en points fixes ou mobiles). Chacun a pu constater pendant le confinement la présence nombreuse et très inhabituelle de forces de gendarmerie chargées du contrôle d’éventuels randonneurs sur l’ensemble du Massif, il serait difficilement compréhensible que l’on nous oppose aujourd’hui le manque d’effectifs ou toutes autres raisons pour justifier le laisser aller et se satisfaire de quelques opérations « coups de poing » sans lendemains.

Les Vosges ont un besoin urgent de retrouver la quiétude. Il est aujourd’hui irresponsable de continuer dans la même voie, alors que tous les voyants environnementaux sont au rouge, que l’exaspération de nombreux habitants s’amplifie en même temps que les nuisances.

Nous appelons tout les usagers respectueux de la nature, des sites et de leurs concitoyens à se mobiliser avec nous pour imposer qu’enfin des solutions durables soient apportées à ce fléau.
Vous souhaitez agir pour qu’enfin le massif des Vosges retrouve son calme même les week-end, rejoignez nous, rejoignez le collectif en création, ensemble nous serons plus fort.

Inscrivez vous en laissant vos coordonnées sur le formulaire ci dessous

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Vous pouvez également signer la pétition ici

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